Le silence est parfois une forme de résistance

Le silence est parfois une forme de résistance

Hello !

Voici le premier article « Écrits de Liza »

Alors voici, un texte écrit à l’occasion du Concours Littéraire du NSB dans mon lycée… Je suis depuis décembre/janvier dans une phase historique « WW2 et Résistance » alors ne vous étonnez pas de la tournure du texte 😉 Comme le prouve le petit « Snap » j’ai commencé et écrit pratiquement tout le récit vers 1h/2h du matin un samedi…

 

Le silence est parfois une forme de résistance*.

Le parvis de la cathédrale de Notre-Dame n’avait jamais été aussi calme et silencieux un dimanche matin. Pas un chat, pas un touriste, même les oiseaux évitaient de voler au-dessus de l’île de la Cité. Que dis-je ? Des touristes ? Depuis le début de la guerre, il n’en venait plus. Les seules personnes à venir fouler le sol de la cathédrale étaient les celles qui réclamaient la paix à Dieu, ainsi que le pardon. La vie était plus rude sous l’Occupation allemande. On était rationné, surveillés et dénoncés pour tout action suspecte.

Claire était une jeune fille née sous la IIIème République et ses valeurs. Elle ne pouvait supporter celles des Allemands. Une des ses plus proches amies était obligée de porter l’étoile jaune sous peine de sanctions… Quelle était sa faute ? Être juive ? Claire était révoltée par cette idéologie. Ses parents n’approuvaient pas, eux aussi, l’armistice. Mais la famille s’était tue. Lors des dîners, autrefois animés et joyeux, on se taisait – par peur d’être entendu. Personne n’osait dire ce qu’il pensait. Et personne ne savait ce que l’autre pensait.

La jeune fille ne supportait plus ces moments en famille. Ses parents avaient perdu leur humanité. Ils ne faisaient rien, laissant l’ennemi empiéter sur leurs vies. Claire, elle, depuis quelque temps, deux ans, complotait. Elle était dans la Résistance. C’était Martin qui l’y avait introduite auprès d’un ami, un vrai Résistant – Pierre Brossolette. Il était libraire rue de la Pompe. Claire s’était toujours demandé pour quelles raisons Martin lui avait parlé de la Résistance. En ces jours sombres, on pouvait vite être vendu. Et pourtant il lui avait fait confiance. Et secrètement, au fond du cœur, elle l’aima encore plus. Les allées et venues de la jeune fille à la librairie passaient inaperçues. Car après tout, il était normal d’aimer lire. En effet, au sous-sol, se retrouvaient un grand nombre de Résistants où l’on échangeait des plans, des missions… Mais en mai 1942, les allemands avait fait des perquisitions et il avait du vendre la librairie. Claire ne l’a plus revu, elle ne savait pas ce qu’il était devenu, mais une chose est sure. Il était en zone libre. Depuis, elle avait bougé de réseaux en réseaux. Et maintenant elle était au quartier général de la Résistance dans l’Hôtel de Ville.

Aujourd’hui, Claire traversait le parvis de la cathédrale afin de se rendre au Nouvel Hôpital de l’Hôtel-Dieu. Elle devait retrouver Arthur Airaud, un ami de Tino Poletti. Tous deux étaient venu à quelques réunions mais depuis quelques semaines, ils ne venaient plus. Claire avait été envoyée en éclaireuse. De plus la Résistance avait besoin de récupérer des médicaments.

Il y avait des Allemands partout, qu’ils soient blessés ou alors en pleine santé, méchants ou innocents. Elle dû traverser les différentes salles remplies de malades, d’odeurs nauséabondes qui provoquaient des hauts-de-cœur chez les nouveaux arrivants.

Mais soudain, on l’attrapa par le bras et on lui mit un chiffon humide sur le nez et la bouche tout en l’empêchant de crier. Claire essaya de se débattre, comme lui avait appris un des aviateurs sous la coupole des Invalides qu’elle connaissait grâce aux Morin, c’était en vain. Les Morin habitaient dans une aile qu’ils avaient transformée secrètement au nez et à la barbe des nazis, en caserne, s’occupant ainsi de plusieurs aviateurs alliés. Seulement son agresseur était plus fort et plus habile.

 

Elle se réveilla dans un endroit sombre, mal éclairé et très sale au vu de la puanteur. Elle ne reconnut l’endroit et ne pouvait pas se déplacer. Elle était prisonnière, attachée à une chaise. Il n’y avait personne dans la salle. Elle essaya de se baisser afin de défaire ses liens avec les dents. Cependant les nœuds avaient été brûlé – impossible de les défaire de cette manière. Claire réfléchit à toute vitesse. Il fallait qu’elle sorte de là avant qu’on ne la torture et qu’elle soit obligée de prendre la pilule de cyanure. Cette pilule lui avait été donnée il y a un an, quand elle s’est faite attrapée la première fois. On l’avait torturée mais elle n’avait rien dit. Mais par précaution, on lui avait ensuite donné cette pilule, qu’aujourd’hui de nombreux Résistants avaient toujours sur eux. Il y avait autour d’elle une seule bougie, deux tables et des étagères pratiquement vides. Avaient-ils découverts son couteau suisse ? Elle remua le pied gauche et sentit l’objet au bout de ses orteils. Elle secoua alors son pied de manière à ramener l’arme au niveau de la cheville. Restait à l’attraper et vite avant que quiconque ne revienne. Elle se baissa tout en ramenant sa jambe vers elle pour pouvoir l’attraper avec les dents. Elle y parvint avec beaucoup de chance et réussit à faire sortir la lame. Elle s’entailla légèrement certes, la joue et le poignet mais ravalant sa douleur, elle défit ses liens. Il fallait trouver une cachette, et rapidement. Elle trouva une barre de fer afin de pouvoir assommer ses assaillants quand ils entreraient dans la pièce et escalada l’étagère donnant sur la porte. Ainsi, ils ne la verraient pas.

On ouvrait la porte. Deux hommes entrèrent. La panique se dessina sur leurs visages avant qu’ils ne s’écroulent net. Elle les avait assommés. Claire referma la porte à clé, non sans avoir récupéré un pistolet dans les poches d’un des deux soldats. C’est une fois dans le couloir qu’elle comprit où elle était. Un nid de guêpes. Elle était visiblement au cœur d’un endroit fréquenté par les nazis. Les croix sur les murs le prouvaient, ainsi que les bribes de voix qu’elle entendait. Et puis l’uniforme des deux soldats qu’elle avait laissé. Comment sortir de là sans se faire voir ? Les toilettes ! Claire était intelligente et se repérait assez vite. Malheureusement ou heureusement, elle ne put éviter deux colonels qui la toisèrent de haut avec un sourire en coin. Elle feint s’être perdue et ne pas trouver le chemin des toilettes. Mince ! Avant de lui montrer le chemin ils lui demandèrent ses papiers. Mais, par chance, ils n’avaient pas bougé. Ils étaient toujours là, dans sa poche – on ne l’avait pas fouillé. Étrange. Une fois devant la porte des toilettes, au fond du couloir, une alarme retentit. Vite, elle s’engouffra dans la première cabine avec une fenêtre et s’extirpa de là. Elle était sur le Quai du Marché Neuf. Mais oui ! Elle n’était pas loin, seulement à la préfecture de police. Plus précisément, dans les locaux des Brigades Spéciales. Mais que lui voulaient-ils ? Elle n’avait rien de suspect, ses papiers étaient en règles et elle n’avait aucun problème avec les allemands dans l’administration. Son oncle, même, travaillait avec les nazis. Et ils le savaient. Elle avait un laissez-passer pour l’hôpital, et voilà qu’on voulait l’arrêter pour l’exécuter. Car oui, dans ces locaux, de nombreux compagnons, des Résistants étaient morts sous la torture.

 

Mais elle devait bouger, et vite si elle voulait passer inaperçue et finir sa mission. Regardant à gauche et à droite, elle traversa pour longer le quai, côté Seine, pour avoir moins de risques de rencontrer la police immédiatement. En quelques pas elle se retrouva à l’angle de la rue de la Cité, qu’elle prit pour enfin revenir à l’hôpital. Elle devait retrouver au plus vite Arthur, tout en priant pour qu’il soit encore vivant. Claire devait déjà être recherchée. Elle demanda Arthur à une infirmière qui l’envoya au sous-sol. Enfin ! Elle reconnut la touffe de cheveux brunes, déjà vue lors d’une réunion à la librairie. Depuis, elle n’avait vu que Tino Poletti. Et pourtant le visage d’Arthur l’avait marqué. L’homme se retourna en entendant du bruit. Il ne se rappelait peut être plus de la jeune fille mais il sourit. Puis son cœur se serra à la vue du poignet ensanglanté et de la griffure à la joue. Il avait peur pour cette jeune fille, âgée à peine de 14 ou 15 ans. Il se demandait comment arrivaient à vivre ses parents, sachant que leur fille pouvait un jour disparaître, être exécutée, torturée ou envoyée dans un camp. Mais il ne pouvait pas deviner que les parents de Claire ne savaient rien. Une infirmière entra avec un panier dans les mains. Elle lui expliqua que des médicaments étaient cachés dans les sandwiches. Il y en avait aussi dans sa gourde et sa baguette. Arthur la rassura, lui, Tino et Jean allaient bien, mais ils ne pourraient plus venir à l’Hôtel de Ville. Ils pensaient être suivis.

Elle devait ramener le panier chez les Morin, pour qu’il puisse s’envoler avec l’un des aviateurs en transit, pour ensuite être largué au nord de la France, dans un autre Réseau.

 

Seulement le panier n’atteignit pas sa destination. Il ne s’envola avec aucun pilote. Il resta à Paris, pourrissant dans l’ancienne cuisine des Morin. Il n’y avait plus un bruit dans cette aile. Plus personne. Les Morin avaient été dénoncé. Ils avaient été emporté par la Gestapo, puis déporté. Et Claire ? Claire avait eu de la chance ! Elle n’était pas là quand les Allemands sont venus. Elle était là, deux jours auparavant. Les pilotes n’avaient pas pu obtenir les papiers manquants, ils s’étaient dispersés pour certains, d’autres attrapés avec les Morin. Et le panier, avait été oublié.

 

Le jour de la Libération, devant les Invalides, Claire se rappela. Elle revit au fond de son cœur, ce couple gai, heureux et résistant. Elle les regrettait profondément, ainsi que Pierre Brossolette, mort 4 mois avant les Morin, mais dont la librairie, rappelons-nous, n’existait plus depuis juin 1942. Ils étaient sûrement morts aujourd’hui. Mais elle savait que sans eux, elle ne serait pas au cœur de cette foule de Résistants, d’Alliés, libérant Paris et la France. Elle savait qu’ils avaient contribué à cette guerre, cette guerre intérieure, cette guerre contre l’Occupation, appelée la Résistance.

 

 

Petites précisions :

Claire n’a jamais existé, mais les autres personnes citées – oui. Et le tout est basé sur une documentation très précise !

Le titre est une citation de Lao She

 

Je ne sais pas ce que vous en pensez, et ce pourquoi n’hésitez pas à me le dire…

Depuis peu, vous pouvez vous abonner à la neswletter du blog (promis, elle ne vous pourrira pas la vie – j’écris pas si régulièrement que ça ^^).

À très bientôt !

-Liza

2 réactions au sujet de « Le silence est parfois une forme de résistance »

  1. Aussi je ne me tairai plus : car ce que je me dois de te rendre de mes impressions ne consiste en aucune forme de résistance.
    Vraiment appréciable, tout d’abord, l’acuité visuel des lieux décrits, et peut-être que ça a du bon d’habiter dans la superbe capitale…
    La petite note m’a plu, parce que je respecte admirablement ce travail journalistique d’archive, surtout en s’il implique une librairie.

    En plus j’ai toujours trouvé les égarements nocturnes prolifiques…

    1. Je te remercie ma chère pour cette critique. Je ne sais pas si le fait d’habiter dans la capitale a vraiment permis plus de détails visuels (puisque je n’habite pas vraiment de ce côté) mais peut être que j’ai du Paris dans mon coeur et c’est ressorti de cette manière. Cette histoire m’a pris en effet du temps à trouver beaucoup de détails, c’est justement la partie qui m’a le plus intéressée et amusée, qu’est ce que j’en ai appris des choses ! L’Histoire est un puits de savoir inépuisable !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *